La périodisation agile de l’entraînement : être adaptable pour progresser
Périodisation agile et philosophie de l’entraînement La périodisation agile est une méthode de planification qui repose sur la prise de décision dans l’incertitude, plutôt que sur l’idéologie d’une méthode précise. Comme par exemple la théorie de l’entrainement classique (constructions physiologiques et biomécaniques) qui se rapproche de la planification de la production comme le Fordisme et la spécialisation. Les stratégies de planification contemporaines sont basées sur une tentative de planification par la prédiction de ce qui va se passer et une analyse linéaire, ce qui ne convient pas pour faire face au domaine incertain et complexe, comme la performance sportive. Le mot « agile », indépendamment de la périodisation, vient du domaine de la gestion de projet informatique (les startups web et mobile l’utilisent beaucoup). Le développement logiciel agile comprend différentes approches du développement selon lesquelles les besoins et les solutions évoluent grâce à l’effort collaboratif d’équipes auto-organisées et polyvalentes avec leurs clients/utilisateurs finaux. Il tente de développer un produit que les clients veulent en le co-construisant avec eux pour taper au plus juste. Il préconise la planification adaptative, le développement évolutif, la livraison précoce de prototypes puis l’amélioration continue vers le produit final, et il encourage une réponse rapide et flexible au changement par l’itération. La périodisation itérative La périodisation itérative consiste en des processus de construction, d’analyse et de rétrospectives. Elle se base sur des hypothèses à tester (par exemple avec un prototype) de façon systématique afin de valider ou non rapidement l’hypothèse pour ensuite avancer vers la prochaine priorité (et améliorer le produit). Ces hypothèses peuvent être appliquées à différentes échelles : Via le cadre d’un projet, qui correspond en périodisation sportive à un macrocycle Via une version, qui correspond à un périmètre fonctionnel livrable, qu’on peut assimiler à un mesocycle en périodisation sportive Via un « sprint » qui désigne une période courte (1 semaine ou 2) pendant laquelle un travail spécifique doit être fait, puis mis à jour pendant la période suivante. Il peut être considéré comme un microcycle (plus ou moins une semaine d’entrainement) Malgré la différence des termes, on peut voir la similarité des principes dans leurs définitions et application, tant dans la périodisation de projet logiciel que sportive. Top-down vs. Bottom-Up Une autre facette de la différence entre la planification classique, qui se base sur la prédiction d’un monde certain, et la périodisation agile, qui par du constat qu’on ne peut prédire un monde incertain est l’organisation : Top down : il s’agit de voir la situation dans son ensemble, de « dé zoomer », de décider des objectifs et des stratégies pour les atteindre, et de répondre aux questions «Que faire et pourquoi». Il s’agit d’une approche assez courante dans la périodisation classique, où l’on commence par une vue d’ensemble et on passe à la conception des plus petites phases et versions (ou sessions d’entrainement en sport). En prenant un exemple appliqué au sport, nous nous dirions « nous avons tel objectif ou compétition, comment gérer les phases d’entrainement dans la saison, puis les semaines d’entrainement… » La périodisation agile, elle, vise principalement à voir la situation dans son ensemble et à s’assurer que les autres plus petites phases sont alignées aux objectifs. Bottom up : il s’git d’avoir une approche plus pragmatique et concrète en sachant «ce qui peut être fait maintenant et comment». La méthode ascendante commence par les problèmes à résoudre (par exemple, l’équipement et les installations, le niveau des athlètes, etc.) plutôt que par une vision long terme d’une grande compétition par exemple (ce qui est l’objectif de l’approche descendante). La planification de sprint ou microcycles (semaine d’entrainement) vise principalement à déterminer ce qui peut être fait et comment (tout en gardant évidemment les objectifs en tête). Pour utiliser l’approche ascendante, il faut adopter le concept de MVP, ou « minimum viable product » dans le monde des startups, que nous pouvons adapter à l’entrainement via un « programme minimum viable ». Il correspond au programme le plus simple possible qui va créer la progression. C’est à partir de ce MVP que l’on va pouvoir affiner le niveau du sportif et comment l’améliorer. Un concept essentiel du MVP est que toutes les qualités (les fonctionnalités pour un logiciel) identifiées comme importantes sont prises en compte. Par exemple, en s’assurant qu’il y a de façon harmonieuse du travail de vitesse, une technique de qualité, de l’explosivité, des mouvements de force. Les variations et les exercices superflus sont moins pris en compte, on se concentre sur l’essentiel. Il est illusoire de croire que lorsqu’un coach commence à travailler avec un ou des athlètes, il connaît immédiatement les objectifs et ce qui doit être fait (approche descendante top-down) pour améliorer les performances. Vous devez d’abord comprendre à quoi et qui vous avez affaire, déterminer les problèmes avant de décider de la vision et des phases à long terme. Voici un exemple: imaginez commencer à travailler avec une équipe de basket et aborder la planification selon ces deux perspectives: Top down : la vision théorique est que nous avons besoin d’athlètes forts, rapides, en forme et en bonne santé. Nous commencerons par utiliser une méthode d’entrainement à la mode. Par exemple, commencer par la phase d’adaptation anatomique (prise de volume musculaire et endurance), suivie de la phase de force maximale, puis de la phase de vitesse/force explosive avant les compétitions. Ce plan est prévu avant même d’avoir vu l’athlète évoluer et de connaitre les faiblesses que l’on peut adresser. Pourquoi faire ça ? Parce que si vous n’avez pas de plan à long terme, que tout le monde s’attend à voir pour être rassuré, vous serez vu comme le coach qui ne sait pas quoi faire. Et parce que des livres disent de faire comme ça. Bottom up : le constat concret est que j’ai une salle de sport à disposition, des athlètes qui n’ont jamais soulevé de poids de leur vie et un directeur qui ne croit pas à la préparation physique au basket et qui préfère faire jouer son équipe. Que suis-je censé faire pour gagner le championnat, obtenir la confiance des
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